Le coron Kruger
Dans son livre sur l’origine et l’histoire des noms de nos rues, Yves Garbez écrit : "l’histoire de ce coron reste mystérieuse. Son tracé figure déjà sur le cadastre de 1857. Le patronyme est vraisemblablement d’origine néerlandaise et l’auteur émet l’hypothèse de l’existence par le passé d’un atelier textile exploité par un Hollandais..."
A la lecture de documents anciens sur l’action de l’abbé Jules Lemire (1853-1928), député-maire d’Hazebrouck, fervent défenseur de la langue flamande, une nouvelle hypothèse peut être avancée :
Ce patronyme serait celui de Paul KRUGER (1825-1904), homme politique sud-africain qui fut président du Transvaal de 1883 à 1900. Sa renommée devint internationale au cours de la 2ème guerre des Boers contre l’Angleterre.
Alors que les combats tournent à l’avantage des Anglais, Paul KRUGER part pour l’Europe pour obtenir un soutien en faveur de la cause Boer. Il va y rester en exil le reste de sa vie.
Il est accueilli de façon enthousiaste à Paris le 24 novembre 1900. Les députés le reçoivent avec faste au palais Bourbon où l’abbé Lemire l’accueil dans sa langue : le flamand (proche du néerlandais).
En 1901, une délégation d’Afrikaanders est acclamée en Flandre française. Elle est reçue triomphalement à Hazebrouck le 16 décembre.
Ces évènements ont pu avoir des répercussions dans toute la région et conduire à donner le nom de ce personnage Paul Kruger à une rue d’Annœullin.
Le coron Kruger fut longtemps habité par des mineurs qui mettaient du saindoux plutôt que du beurre dans leur "briquet" [1] Outre que le beurre coûte plus cher, le saindoux ne fond qu’à la température ambiante de 30°C. Il tenait donc mieux que le beurre au fond de la mine. D’où le surnom de "coron sans beurre" attribué à ce passage reliant la "Grand-rue" au "Chemin du vent de bise".
Publié le 11-02-2024
[1] Le briquet est le nom régional donné au casse-croûte qu’emportaient avec eux les mineurs dans le nord de la France. Il était composé d’une double tartine enduite de saindoux et garnie de fromage ou de charcuterie.
[1] Le briquet est le nom régional donné au casse-croûte qu’emportaient avec eux les mineurs dans le nord de la France. Il était composé d’une double tartine enduite de saindoux et garnie de fromage ou de charcuterie.