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La gare et la ligne de chemin de fer

Le 10 janvier 1894, le premier train entrait en gare d’Annœullin.
La ligne de chemin de fer, à voie unique à sa construction, reliait Don à Seclin, en passant par Annœullin, Allennes-les-Marais, Gondecourt et Seclin où elle croisait la ligne reliant Paris à Lille mise en service en 1846.
On retrouve facilement son tracé sur lequel est établi aujourd’hui ce qu’on appelle « l’axe vert ».

Cette ligne de chemin de fer fut longtemps souhaitée par la municipalité qui en espérait les bienfaits pour le développement économique de la cité.
Voici quelques dates qui jalonnent l’histoire de la création de la voie ferrée qui desservait Annœullin.

• Lors du Conseil municipal du 29 juillet 1869, le maire, Charles Delannoy qui préside la séance, présente les différents projets de chemins de fer qui viendraient traverser le territoire de la commune, soit : une ligne de Templeuve à Hazebrouck et quatre branches partant respectivement de Armentières, Lens, Carvin et Hénin-Liétard, reliant ainsi Annœullin aux bassins houillers du Pas-de Calais.

Extrait des délibérations du 29 juillet 1869
Objet : Projets de chemins de fer
« M. le président a exposé [...] avoir connaissance des divers projets de chemins de fer qui viendraient traverser le territoire de la dite commune, [....]
Considérant que la dite commune, qui comprend une population de près de 4000 habitants parmi lesquels un assez grand nombre de marchands colporteurs, ne peut que trouver avantage et commodité, que son commerce et son industrie ne peuvent que devenir plus important [...]
.....le Conseil a été d’avis de l’approuver.

• Le 12 juillet 1875, le Conseil repousse la proposition de placer la gare en bordure de la nouvelle route d’Allennes, ouverte quelques dizaines d’années plus tôt.
Il demande que la gare soit construite sur l’emplacement que nous lui connaissons aujourd’hui.

• En 1892, les travaux de terrassement de la ligne sont entrepris sur la commune par MM. Jardin et Billiard, adjudicataires du premier lot. Au cours de la même année, sont construites la gare et la halle aux marchandises et le 10 janvier 1894, le premier train passait en gare d’Annœullin !

• Quelques années plus tard, le 1er août 1898, sur la ligne de Don à Provin-Bauvin, eut lieu l’ouverture de la halte d’arrêt du Marais, à l’usage des ouvriers mineurs travaillant dans les fosses de la compagnie des mines de Lens.

Ainsi, en cette fin de XIXème siècle et précédant de quelques décennies l‘apparition des transports routiers, le train mettait désormais Annœullin à une ½ heure de Lille.
D’une grande utilité pour les colporteurs, Cette ligne de chemin de fer fut aussi très fréquentée par les mineurs et les ouvriers de l’industrie textile régionale. Elle servit également aux transports des marchandises et du bétail.
Dans les années 1960, la fréquentation diminua au profit de l’automobile. N’étant plus rentable pour la SNCF la gare cessa son activité ferroviaire le 5 juillet 1971. Des bus furent mis à disposition des abonnés qui prenaient le train à Seclin direction Lille. En 1972, la voie ferrée fut désaffectée et les parcelles de terrain reprises par les communes traversées. Ainsi fut créé "l’axe vert", chemin piétonnier de promenades.
La salle des fêtes sera construite sur les terrains de la SNCF à l’emplacement de l’ancienne halle des marchandises en 1964.
Après sa rénovation en 1980, la gare sera transformée en salle de musique.

La (petite) histoire des "donatos" et des "intonneux" :

Cette ligne de chemin de fer est devenue la frontière entre deux quartiers, la Ville (au sud de la commune), là où les premières maisons furent construites et le Marais (au nord), là où se trouvaient les marais et les tourbières. Une séparation qui s’exacerba à partir de la construction de l’église du Sacré Cœur, en 1899. (voir la fiche sur l’église du Sacré Cœur)
Les habitants de la Ville étaient appelés les "donatos" (du nom d’un magicien de renom qui attirait les foules, comme le fit Oscar Coupey, habitant ce quartier et vainqueur des élections locales de 1896), et ceux du Marais les "intonneux", partisans d’Antoine Mauroy, brasseur, habitant le quartier du Marais et adversaire politique de Coupey, qui avait l’habitude de payer des « tournées générales », (ceux qui remplissent, comme des tonneaux, le gosier des électeurs).


Publié le 16-03-2012, révisé le 14-06-2021
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