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L’église du Sacré Coeur

La construction d’une seconde église à Annœullin fut à l’origine d’un conflit au sein de la population, et d’abord au sein de la communauté des catholiques qui nous valut les plaisanteries des gens du voisinage qui, parlant de notre localité, disaient parfois en riant : « Ah, oui, le pays des deux églises ! »
En voici les principaux faits :
• L’église St Martin était devenue trop exiguë pour une population ayant presque triplé depuis le XVIe
• L’extension du village s’était réalisée essentiellement vers le Nord. De nouvelles rues étaient apparues : rue du Marais (J.Jaurès), rue de l’Abreuvoir (L. Boistelle) et les habitants de ces nouvelles rues souhaitaient un lieu de culte plus proche que l’église St Martin.
• La municipalité de l’époque, présidée par Oscar Coupey, proposa de reconstruire l’église St Martin, en lui donnant une plus grande dimension et d’ériger une chapelle de secours en bordure de la rue de Don.
• Mais des catholiques du Marais, alliés pour la circonstance à Antoine Mauroy, brasseur et adversaire d’Oscar Coupey, refusèrent cette proposition et lancèrent une souscription pour construire une nouvelle église sur un terrain proposé par le même Antoine Mauroy.
Cette querelle intestine opposa longtemps les habitants de la "Ville" à ceux du "Marais", les "donatos" aux "intonneux".
Mais revenons à l’histoire de l’église du Sacré Cœur.
L’adjudication des travaux de construction d’une seconde église à Annœullin eut lieu le 15 octobre 1898.

L’édifice prévu est imposant : 52 m de long et 20 m de large.
En décembre de la même année, les fondations étaient achevées mais le mauvais temps arrêta un moment les travaux qui reprirent en mars 1899. Plusieurs entreprises et artisans bénévoles du quartier apportèrent leur concours pour accélérer la réalisation de ce que l’on appelait jusque là « la chapelle de secours ». Les travaux prirent fin durant l’été et l’on décida alors que l’église serait consacrée au "Sacré Cœur".
Le 29 mai 1901, entouré de plusieurs prêtres de la région, le Chanoine Quentin, représentant l’Archevêque de Cambrai, ouvrit et bénit la nouvelle église du Sacré-Cœur. Mais la paroisse du Sacré-Cœur ne sera érigée qu’en 1910 (voir copie de l’ordonnance de l’Archevêque Coadjuteur de Cambrai en date du 24 septembre 1910 ci-jointe).
Faute de financement, le « clocher » qu’on lui connaît aujourd’hui ne sera installé qu’en 1923 pour y recevoir les deux cloches : Noëlle, la plus petite qui pèse 230 kg et Marie-Thérèse, une grosse cloche de 860 kg.

Ces cloches furent bénies en 1924.On peut y lire sur chacune les inscriptions suivantes :
« Mon nom est "Noëlle", je pèse 230 kg. Fondue par la maison Wauthy, j’ai eu pour parrain Alfred Maille et pour marraine, Germaine Vandenbussche. Je chante chaque matin, midi et soir les gloires de la Vierge Marie. »
 « Mon nom est "Marie-Thérèse", je pèse 860 kg. Fondue par la maison Wauthy, j’ai eu pour parrain Marcel Robinet et pour marraine, Marie-Louise Denoullet. Je sonne pour le service de Dieu et je rappelle à tous les devoirs de la prière. Je me réjouis avec ceux qui sont dans la joie, je pleure avec ceux qui versent des larmes et je chante les gloires de mon pays. »

Durant la guerre de 14-18, les Allemands installèrent sur la tour (non achevée) une lunette d’observation qui leur permettait de surveiller la ligne de front qui passait par La Bassée.

Et l’église subit les bombardements des derniers moments de la guerre qui endommagèrent la voute près du chœur.

Un autre grand moment de l’histoire de l’église du Sacré-Cœur fut la venue de l’évêque de Lille, le Cardinal Liénart, le 5 mai 1932 pour bénir l’orgue, construit par la maison Roethinger de Strasbourg et comportant dix-huit jeux distribués en deux claviers manuels et un pédalier à trente notes.

En 1940, l’église connut à nouveau des moments difficiles. Des combats opposèrent des tirailleurs sénégalais aux soldats allemands. Un obus tomba sur la salle paroissiale et l’Abbé Paul Lemaire, curé du Sacré-Cœur, fut blessé. Il décéda le 28 mai 1940 à l’hôpital de Seclin.
Le sort voulut que son vicaire, l’Abbé Dominique Boulangé fût tué au front, dans les Ardennes, quelques jours après.

Leurs funérailles furent célébrées en même temps dans leur église du Sacré-Cœur.


Publié le 18-03-2012, révisé le 02-12-2022
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